If my little country hiding in the grass
has no proud peak nor superb city,
if sometimes they talk of it in a mocking tone,
I love it and I see it with the eyes of my heart.
Its memory is as sweet to me as the song of springs;
it has charming resources for dreamers,
those havens of peace made by fir trees,
next to narrow paths through the deep woods.
In the hollow of its little glens, in the heart of its villages,
the chirping of birds nesting in the leaves
mingles with the sounds of fields and workshops;
it is made to dream as well as to work.
If the people of Jura are simple and rustic,
they have the steadfast grip of sturdy hands,
they have the frank gaze of their wide-open eyes,
they have the happy background of their green horizons.
Yes, all is well with us, the heart like the rest.
You have cast off nothing of your rural candor,
in spite of all that changes and will pass,
you will always be, O country! my old Jura.
Do not be surprised, hearing these things,
knowing I have whiled away my golden days there,
do not be surprised that I love unrequited
my little country with a great love!
--Virgile Rossel (1858-1933), Swiss
Mon Jura
Si mon petit pays qui se cache dans l'herbe
n'a point de fier sommet, ni de ville superbe,
si parfois on en parle avec un air moqueur,
moi, je l'aime et le vois par les yeux de mon coeur.
Son souvenir m'est doux comme le chant des sources;
il a pour les songeurs de charmantes ressources,
ces asiles de paix que les sapins lui font,
au bord d'étroits sentiers coupant le bois profond.
Au creux de ses vallons, au coeur de ses villages,
le babil des oiseaux nichés dans les feuillages
se mèle aux bruits des champs, aux bruits de l'atelier;
il est fait pour rêver comme pour travailler.
Si les Jurassiens sont gens simples et frustes,
ils ont le serrement loyal des mains robustes,
ils ont le franc regard de leurs yeux bien ouverts,
ils ont le fond joyeux de leurs horizons verts.
Oui, tout est sain chez nous, le coeur comme le reste.
Tu n'as rien depouillé de ta candeur agreste,
malgré tout ce qui change et ce qui passera,
tu seras, ô pays, toujours mon vieux Jura.
Ne soyez pas surpris, en écoutant ces choses,
en songeant que là-bas j'ai coulé mes jours roses,
ne soyez pas surpris que j'aime sans retour
ma petite patrie avec mon grand amour!